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Enseigner la carte heuristique

jeudi 8 août 2013, par L’équipe Pétillante

Dans un message posté sur la liste Yahoo ! Heuristique, Yvan écrivait :

« Depuis deux ans j’utilise de façon naturel MindManager. Je n’avais jamais entendu parler de schéma heuristique avant que l’on me présente ce logiciel et je n’ai jamais pensé que le mind mapping soit quelque chose de complexe à comprendre. Récemment, on m’a demandé d’enseigner MindManager et pour donner le meilleur je me suis offert deux livres : »MindManager 7« et »Organiser vos idées avec le mind mapping".

Après la lecture de « Organiser vos idées... », j’ai pris conscience que ce qui pourrait me paraitre naturel avec MindManager ne pourrait ne pas l’être pour des jeunes adultes (18-25 ans). En effet, d’une part je n’ai jamais pensé le mapping avec des crayons de couleur et une feuille A4 et d’autre part je ne sais pas dessiner (c’est vrai, je fais des ronds, des cercles, des carrés, c’est tout).

Donc, je vais m’improviser en Maitre Mapping mais par où commencer ? Je n’ai jamais appris à prendre des notes en utilisant le mapping, je le fais d’instinct. Mais le pire est que l’utilisation d’un logiciel et beaucoup plus simple qu’une feuille, au même titre que de rédiger un rapport sur Word que sur une feuille.

J’espère que vous pourrez me donner des conseils afin que je puisse transmettre le mind mapping à ces étudiants."

 Conseils de Frédéric

Bonjour Yvan,
puisque vous êtes enseignant, je vous répondrais par une métaphore qui se rapproche de votre métier : enseigner la carte heuristique parce que l’on maîtrise un logiciel, ce serait croire que l’on peut enseigner l’écriture de beaux romans parce que nous maîtrisons Word.

Votre inconfort est donc tout à fait normal.

Word est pourtant très intéressant pour les écrivains (bien que certains n’écrivent pas les mêmes choses au clavier et au stylo).

Malgré cela, vous pourrez enseigner les bases techniques de la carte à vos élèves en insistant sur l’utilité du « brouillon » afin de ne pas mettre la « pression » (vous n’aurez pas le même rendu que le logiciel).

Au départ, allez-y doucement... Proposez l’utilisation des dessins lors d’une seconde étape, privilégiez dans un premier temps la structure arborescente, les ramifications organiques, la couleur, la bonne utilisation de l’espace.

Utilisez le premier chapitre d’Organisez vos idées et découpez le cours en deux ou trois étapes.

Vous pourrez observer que les cartes réalisées à la main ont plus d’impact sur les élèves en terme de mémoire.

Chacun trouvera son style, n’essayez pas d’en imposer un. Certains feront des dessins rapidement, d’autres non. Ce sera pareil pour la couleur.

Ensuite, vous pourrez passer au logiciel si c’est un objectif pour vous. La majorité des praticiens de la carte utilisent les deux suivant la nature de ce qu’ils ont à faire.

En ce qui me concerne, j’utilise les logiciels quand je suis au clair avec l’information. C’est généralement pour la partager. Je les utilise également pour animer des réunions. Le « papier/crayon » rajoute une dimension sensorielle et plus kinesthésique, pour certain c’est très important.

Mon dernier conseil... faites vous-même des cartes à la main le plus souvent possible, vous verrez, vous y prendrez du plaisir et peut-être redécouvrirez-vous la carte heuristique. Le temps que vous penserez « perdu » sera celui de l’appropriation.

Vous pouvez également lire un de mes articles sur la différence logiciel/« papier/crayon » à l’adresse suivante :
http://www.mapping-experts.fr/Reali...

Merci de permettre à cet outil d’être diffusé auprès des élèves.

 Conseils de Denis

Bonjour Yvan,
s’il suffisait de lire quelques livres pour enseigner ensuite leur contenu, le métier d’enseignant n’existerait plus ;-) Avoir de l’expérience n’est pas non plus suffisant. Il suffit, en tant que parent, de constater les difficultés à transmettre son expérience de la route à son enfant dans le cadre de la conduite accompagnée...

Expliquer comment construire une carte heuristique en cinq minutes, c’est assez facile. Faire changer les habitudes, parfois vieilles de plusieurs décennies, et modifier la perception d’une personne qu’elle a de ses propres capacités relèvent plutôt du parcours initiatique. Quel formateur n’a jamais entendu des remarques telles que « ... je ne sais pas dessiner », « je n’ai pas une bonne mémoire », etc.

Frédéric a utilisé ci-dessus une métaphore pour expliciter ses propos. Je vais faire de même en creusant cette idée de parcours initiatique.

  1. Le mot « Maître » vient du latin magister (celui qui est au-dessus). Ne se déclare donc pas maître qui veut (accepteriez-vous d’apprendre le saut à l’élastique avec un moniteur inexpérimenté ?).
  2. Toute initiation doit forcément débuter par une envie de la part de l’élève (« on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif »). Il faut donc susciter l’intérêt, éveiller la curiosité et laisser entrevoir les bénéfices qu’il y aurait à utiliser le savoir détenu par le maître.
  3. Le maître met certes à disposition de l’élève son savoir, mais cela ne sera profitable à l’élève que si celui-ci en comprend l’intérêt. S’entendre dire qu’on a une excellente mémoire est une chose. Constater par soi-même, lors d’un exercice animé par un formateur, qu’on est effectivement capable de se rappeler dans l’ordre et le désordre une vingtaine d’informations entendues qu’une seule fois en est une autre, bien plus percutante.
  4. Enfin, suivre un parcours initiatique n’est jamais facile. Certains élèves peuvent être découragés par les efforts nécessaires, d’où l’importance de l’accompagnement et de la bienveillance.

Concrètement :

  • pratiquez ! Formez-vous ! Vous apprendrez par la même occasion quelques trucs et astuces des formateurs professionnels qui ont plusieurs années d’expérience dans l’enseignement de la carte heuristique, que ce soit à l’EFH ou auprès d’autres organismes de formation qui justifient d’une solide expérience dans ce domaine.
  • habituez vos étudiants aux cartes heuristiques, en présentant le programme de vos cours, les idées essentielles, les points importants sous forme de cartes heuristiques. Vous leur donnerez ainsi envie d’en savoir plus s’ils perçoivent les premiers bénéfices de la carte (par exemple disposer d’une vue globale, claire, du cours).
  • accompagner vos étudiants dans la durée, afin que les motiver avec bienveillance lorsqu’ils se décourageront.